Vivez les questions maintenant ! Peut-être serez vous alors progressivement capable, sans même vous en apercevoir, de vous approcher doucement des réponses. Rainer Maria Rilke
« Celui qui pose une question risque pendant cinq minutes d’avoir l’air bête. Celui qui ne pose pas de questions restera bête toute sa vie. » Une maxime bien connue, et pourtant poser des questions n’est pas toujours évident: quelle type de question dois-je poser ? Quand et comment ? Poser des questions est un art pour lequel Frédéric Falisse – coach, conférencier et concepteur de la Questiologie – se consacre depuis pléthore d’années.
« Poser des questions est un acte quotidien, » nous explique Frédéric Falisse lors d’une conférence TED intitulée « La Questiologie ou l’art de poser les bonnes questions« , avant de rajouter: « et pourtant, nous posons » quasi « systématiquement les mêmes types de questions, qui ne représentent que 15 % des possibilités. » Et de renchérir: « Poser des questions différentes ouvre des opportunités pour vos proches (…) Poser des questions différentes permet d’avoir une carte du monde plus large et des possibilités nouvelles. »
Peut-être l’avez-vous constaté ? Combler les blancs dans une conversation est une tendance de l’être humain. Comme le sous-entend l’aphorisme du philosophe Alfred Korzybski: « La carte n’est pas le territoire« , pléthore de problèmes de communication viennent de la confusion entre la carte (soit la représentation que chacun se fait du Monde) et le territoire (soit la réalité). Or, le langage est le principal outils que l’Homme utilise pour établir cette carte. Sauf que la carte qu’il établit avec ses mots, et en toute inconscience, n’est pas exacte, est erronée. C’est ce que résume Bernard Werber en définissant les défis de la communication:
Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre.
C’est là qu’intervient le méta-modèle linguistique, un concept qui permet de corriger cette carte. D’en affiner les contours. Fruit des travaux de Bandler et Grinder, le méta-modèle linguistique prend appuie sur la grammaire transformationnelle – un concept développé par le linguiste Noam Chomsky – laquelle dispose: il faut distinguer la signification profonde du langage humain (structure profonde) des formes qu’il prend à la surface lorsqu’il est verbalisé (structure de surface). L’objectif du méta-modèle linguistique, c’est comprendre ce que dit l’interlocuteur sans déformer ses propos, sans combler les trous, les blancs, sans interpréter, sans plaquer sa carte du monde sur celle de son allocutaire, sans faire de lectures de pensée. Un objectif que Frédéric Falisse embrasse pleinement, et pour lequel il a développé une méthode, qu’il nomme « Questiologie » – et qui est sans doute beaucoup plus fin que le méta-modèle linguistique. Sur son site, Frédéric explique que la « Questiologie » est: « une méthode inédite, structurée et concrète pour concevoir des questions innovantes, les multiplier et les sélectionner en fonction de l’interlocuteur et de la situation » et pour la journaliste Isabelle Artus – RFI – il précise que: « la Questiologie se veut une méthode simple à mettre en œuvre pour vraiment changer sa façon de dialoguer et de communiquer, construite sur une réflexion sémantique et linguistique pointue dans laquelle on s’interroge sur les mécaniques de communication. »
« Quand on ouvre la bouche on peut soit dire, soit poser des questions. Ce sont deux « mouvements » très complémentaires, » expose Frédéric Falisse, lors d’une entrevue vidéo avec Sessi Hounkanrin – coach – avant de renchérir: « Lorsqu’on « dit », on exprime sa perception du monde, dans un « mouvement de l’intérieur vers l’extérieur ». On est centré sur soi, sur sa carte du monde. Lorsque l’on pose des questions, on va chercher à l’extérieur pour enrichir notre compréhension, notre « intérieur ». On se centre sur l’autre. Communiquer, bien communiquer requiert de maîtriser ces deux mouvement complémentaires. Plus spécifiquement, les questions sont capitales : Tout ce que nous comprenons est une réponse à une question que l’on s’est posée un jour. La réflexion n’est rien d’autre qu’un enchaînement de questions. La créativité se construit sur la capacité de remettre en question les certitudes. Construire des relations vraies, solides nécessitent de s’intéresser réellement aux autres, de leur poser de bonne question. Une bonne question met en projet, est la source de la motivation. C’est la façon la plus efficiente pour co-élaborer et impliquer. Le développement personnel est basé sur la capacité de se poser de bonne question au bon moment. Poser de bonnes questions est une clé du leadership, de la vente ou de la négociation. »
Une question est une réponse, et toute réponse est aussi une question. « Toute connaissance est une réponse à une question, » comme le disait Gaston Bachelard. Et à Lewiss Carroll, dans « De l’autre côté du miroir« , d’imaginer ce dialogue: « Quand j’emploie un mot, dit le petit gnome d’un ton méprisant, il signifie précisément ce qu’il me plaît de lui signifier. Rien de moins, rien de plus. La question, répond Alice, est de savoir s’il est possible de faire signifier à un même mot des tas de choses différentes. La question, réplique Humpty, c’est de savoir qui sera le maître. Un point, c’est tout. » N’ayez pas peur de poser des questions. N’ayez pas peur d’accéder à la connaissance, et à l’autre. C’est lui le maître de sa carte. Comprenez la 😉
Si j’ai une 1h pour résoudre un problème dont ma vie dépend, je vais passer les 55 premières minutes à chercher la meilleure question à se poser. Et quand j’ai trouvé cette question, il me suffira de cinq minutes seulement, pour trouver la bonne réponse, Albert Einstein
Pour aller plus loin: Questiologie, le site de Frédéric Falisse